1977-2007 Edition spéciale Quai des Bulles Diaporamas

En 2007, Thorgal a fêté ses 30 ans

Hé oui, la première apparition de notre viking préféré date du 22 mars 1977, dans l'hebdomadaire belge "Tintin". Il a également fait ses premiers pas en France dans le magazine du même nom, le 20 septembre de la même année. Des premiers pas discrets, avec trois ans d'attente pour une parution en album (1980, "La Magicienne trahie"), puis le succès que l'on sait !

Un trentième album tout en symboles

Cet anniversaire fut double, puisque 2007 fut également l'année de parution du trentième album de Thorgal, "Moi, Jolan". Un album forcément à part puisqu'il est le premier scénarisé par Yves Sente, le premier sans Jean Van Hamme.

Passage de témoin entre auteurs, passage de témoin également entre héros. Thorgal vieillit, le fait largement savoir dans cet album, et confie à son fils Jolan le fardeau du héros : action, aventure, jolies filles et gros monstres.

Octobre 2007 est ainsi un mois très particulier pour Thorgal et pour ses auteurs, avec la mise en vente le 5 octobre de l'album "Moi, Jolan", en même temps que 2999 exemplaires de chaque album de la série en édition spéciale (voir l'onglet "Edition spéciale").
Lors d'un festival polonais à Lodz, Grzegorz Rosinski est décoré par le ministère polonais de la culture.
En France les magazines dBD et Bodoï saluent l'anniversaire, et les auteurs sont interviewés un peu partout.

 

A Saint-Malo, Thorgal se la joue star

Cerise sur le gâteau... Fin octobre, comme chaque année, Quai des Bulles, le festival BD de Saint-Malo, accueille des amateurs et professionnels du 9ème art, et des visiteurs, beaucoup de visiteurs, de plus en plus de visiteurs (35000, paraît-il, en 2007 !).

L'édition 2007 s'est choisie des invités prestigieux, dont les auteurs de Thorgal, invités d'honneur de la ville. Van Hamme, Rosinski et Sente n'étaient pas seuls : dans leurs bagages, ils ont apporté de quoi composer une extraordinaire exposition baptisée "Dans l'ombre de Thorgal", avec des planches, peintures, esquisses, statuettes, sculptures et objets de toutes sortes...

Des affiches présentant l'événement ont habillé les rues, les vitrines et même les remparts du centre-ville. Des cartes postales (ci-dessous) sont distribuées.

Un monde de bulles

Enfin, l'émission télé "Un monde de bulles" est elle aussi passée par Saint-Malo, pour y rencontrer notamment Rosinski. Le présentateur, Jean-Philippe Lefèvre, nous emmène quelques instants au coeur de l'expo Thorgal, avant d'échanger quelques mots avec le dessinateur.

Voici la vidéo de cette émission, aujourd'hui disparue. (vidéo non disponible)

Bon anniversaire, Thorgal !

A l'occasion du trentième anniversaire de Thorgal, Le Lombard a réédité toute la série en édition limitée.

Les albums de Thorgal ont très peu changé depuis leurs débuts en librairie, en 1980 (voir la partie consacrée au Lombard, pour un retour sur 30 ans de couvertures). Et il faut bien reconnaître qu'à l'heure où la BD franco-belge se plait à proposer des albums de plus en plus luxueux, il peut y avoir tentation de moderniser la maquette de Thorgal. D'autant que le trentième album, "Moi, Jolan", est censé représenter une rupture dans la série, un nouveau cycle d'aventures centré sur le fils de notre vieux viking.

Une maquette moderne et stylée

Contre-pied des albums classiques, cette édition spéciale propose une tranche et un dos noirs. Les superbes peintures des couvertures sont les seuls éléments qui ont été conservés. Elles sont cernées par un cadre de losanges, transparent, accompagné de la mention "Edition spéciale 30 ans d'aventures".  Le titre "Thorgal" a l'aspect du métal martelé. Deux bandeaux fins, plus clairs, affichent les noms des auteurs et de l'album.

Au dos, on trouve la liste des albums avec leurs années de première parution (pour le premier, "La magicienne trahie", c'est l'année de parution en presse). Un petit symbole indique quel album on a en main, histoire de personnaliser chaque dos de couverture. On a aussi en arrière-plan le visage de Thorgal, vu en 2005 sur de beaux ex-libris signés par Rosinski, diffusés par Granit Associés.

A l'intérieur, pas de surprise.

A l'intérieur des couvertures, l'habituel dessin représentant une côte scandinave a été remplacé par une fresque sur fond bleu-vert, listant les 30 albums de Thorgal en deux tranches de 15. Sur la page de titre, sous une jolie peinture de Jolan et Thorgal, chaque album a son numéro unique tamponné, de 1 à 2999 (pour l'ensemble de la série, ça fait... 89970 coups de tampon).

Le reste de l'album est identique à l'édition normale, 46 pages en couleurs, donc. Pas de supplément, de crayonnés ou autres, même pas une petite intro pour présenter la série et son histoire. On sent que l'impression de ces albums s'est faite sans bouleverser la chaîne de l'imprimeur.

Pour qui ?

Les albums "30ème anniversaire" étaient vendus 10€40, soit 60 centimes de plus que les albums classiques. Pas cher, mais pour une série complète il fallait plus de 300 euros.
Ils sont en série limitée, mais 2999 exemplaires de chaque, ça fait beaucoup. Un coup marketing comme un autre ?

Pas rares, mais peu chers et très jolis, ces albums s'adressaient aux grands fans de la série, histoire d'en avoir quelques-uns dans la bibliothèque. Les lecteurs occasionnels pouvaient aussi en profiter pour investir dans leur album préféré.

Si vous êtes intéressés, ne traînez pas trop, leur prix pourrait grimper ces prochaines années.

Du 26 au 28 octobre 2007, la ville de Saint-Malo a reçu Thorgal et ses auteurs pendant le festival BD Quai des Bulles.

Une belle occasion pour rencontrer les auteurs, et pour visiter une exposition extraordinaire condensant trente années de passion et d'aventure. Récit du séjour.

27 octobre 2007

« Impossible d'être là dès le vendredi, ouverture du festival. Nous prenons la route le samedi, de bonne heure. Mon petit bonhomme, deux ans, ne parle que de la mer depuis une semaine. Il a préparé son matériel, d'ailleurs la moitié du contenu de la voiture est pour lui. Si petit si grand...

La route est longue. Nous sommes partis comme d'habitude sans plan, sans carte et sans GPS. Seule nouveauté pour ces "vacances", j'ai fait l'effort de réserver une chambre d'hôtel, quand on est trois on s'inquiète plus de l'endroit où on va dormir que quand on est deux. Six radars automatiques en chemin, pas trop de camions le samedi, le temps est clair et frais.

15 h, Saint-Malo, enfin ! Là aussi pas de plan, on roule au pif vers Paramé (ville soudée à Saint-Malo depuis des décennies). Un panneau indique l'hôtel, facile du coup. L'hôtel est charmant, assis sur la digue qui borde la plage du Sillon. Le bâtiment est ancien, les chambres neuves, la mer sereine. On commence d'ailleurs par lui rendre visite, elle accueille avec plaisir les chaussures et le pantalon de mon fils. Il la palpe, la goûte, se l'approprie. Trésor de coquillages et chantier de sable, c'est beau l'enfance, surtout quand c'est celle de son enfant.

Bon, 17h30, c'est parti pour un tour à l'expo Thorgal !

Facilement garés, nous pénétrons dans l'Intra-Muros, quartier cerné par des remparts, près du port. C'est le lieu magique de la ville, presque entièrement reconstruit après les bombardements destructeurs de la deuxième guerre mondiale. L'impression y est curieuse car les rues pavées et les bâtiments ont été reconstruits "à l'ancienne". Pierres en façades, ardoises sur les toits, style préservé. Peu de bois par contre, la ville a semble-t-il connu de gros incendies. Une ville moyenâgeuse toute neuve...

Saint-Malo accueille Thorgal et le fait savoir ! Une immense affiche couvre une partie de la tour qui nous accueille à l'entrée des remparts. Le ton est donné. L'expo est à la chapelle Saint-Sauveur... Nous partons en chasse, certains qu'un Malouin bienveillant nous guidera jusqu'à elle. Et notre guide s'appelle... Thorgal ! Des banderoles à la gloire du viking et de son expo balisent les rues de la ville, aidées par des affichettes fixées un peu partout. Trop facile, mais finalement assez excitant. On suit...

La chapelle, qui fait face à une école, est aussi habillée de Thorgal. Je ne m'attarde pas à la contempler, tant pis pour elle. J'entre... Le lieu est sombre, la musique discrète. Des tentures blanches et kaki couvrent élégamment les murs et plafonds de l'immense salle. Des panneaux noirs sont disposés de façon à créer un labyrinthe ponctué d'alcôves. Sur ces panneaux, multiples puits de lumière, les oeuvres de Rosinski sont là. Thorgal nous accueille dans son univers. C'est beau.

La première oeuvre qui m'attrape est la toile qui fut brièvement la couverture du 29ème album, "Le Sacrifice". Un Thorgal barbu, épuisé, affronte désespérément l'arbre animé qui l'entraîne au royaume de Manthor. La toile est là, nue et offerte, sans vitrine ou garde du corps, comme si elle avait confiance en tous ces visiteurs qui vont la saluer. Ma chérie, moins impressionnée que moi, me tire par la manche pour me montrer ce qui se voit le plus mais aussi le moins dans cette entré d'expo : une file d'attente spectaculaire, comme à l'entrée du casting de "La nouvelle star".

Je m'approche, déjà sûr de ce qui est au fond de la salle. Ils sont là... Tous les trois, de gauche à droite Yves Sente, Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme, assis derrière une table ! Ma première pensée est pour l'attachée de presse du festival que j'ai contactée au téléphone quelques jours auparavant, et qui m'a carrément affirmé que les auteurs ne rencontreraient pas leur public... Preuve que, comme souvent, la source la plus directe n'est pas la meilleure, ni la plus fiable.

Ils sont donc là... Avec deux bras, deux jambes, des cheveux et tout. Si si, on dirait presque des vrais gens ! Comme ils semblent très disponibles, je m'installe près d'eux, prend quelques photos pour le site, écoute les conversations. Les trois gars signent à tour de bras, des albums et des ex-libris. On leur sert un petit canon, ils dessinent sur la table, Van Hamme trace des rébus salaces. En discutant avec des bénévoles, j'apprends qu'une autre séance sera proposée le dimanche de 17 h à 19 h. Parfait !

Pas question de déranger les auteurs, mais, emporté par l'élan, je me décide à approcher l'attachée de presse du trio, assise à leur côté. Je lui parle du site, lui demande comment prendre contact avec Le Lombard (ben oui, depuis 8 ans que le site existe, mes tentatives pour approcher Le Lombard n'ont jamais abouti...). Elle me regarde comme un OVNI et m'envoie promener gentiment. Bon, pas grave, je ramasse mes dents et quitte l'expo, bien décidé à être dans la file le lendemain.

Ma femme rigole : j'ai toujours affirmé que je ne m'emmerderai jamais à faire la queue pendant deux heures pour avoir une signature gribouillée en bas d'un de mes beaux albums. Hé ho, on peut changer d'avis, ça arrive ! »

28 octobre 2007

« Aujourd'hui c'est festival.

Je veux absolument voir l'expo Mourier, qui est au Palais du Grand Large. Mais d'abord, un tour dans l'énorme salle du festival, l'espace Duguay-Trouin, sur le quai du même nom. En y allant, on flâne sur le port, du coup on n'entre qu'à 10h30 dans la salle. Déjà beaucoup de monde... Premier grand tour, il y a des bouquinistes, les éditeurs bien sûr, du para-BD (figurines, affiches...), du matériel d'art, un bistrot. Au deuxième tour, je fais halte au stand du Lombard et fais l'acquisition à grand coup de chéquier de trois albums "Edition spéciale 30 ans" de notre viking. Franchement ils sont beaux, même ma chérie est d'accord et accepte l'investissement (j'ai fait pire, elle est rodée). Avec les albums, l'éditeur offre un bel ex-libris en série limitée (900 exemplaires quand même) pour le festival.

On traîne de-ci de-là, des files d'attente s'installent devant des chaises d'auteurs vides, faut aimer. S'éloignant des "gros" stands, on discute avec des auteurs moins connus, j'achète quelques albums, fait dédicacer parfois. Merci à eux.

De retour au festival l'après-midi, c'est monstrueux, il y a tellement de monde qu'il devient difficile de passer d'un stand à l'autre... Ca ne fait même plus envie... Du coup à 16 h c'est la fuite, direction l'expo Thorgal ! Evidemment, là aussi il y a du monde. Rosinski est déjà là, devant une superbe ébauche du buste de Thorgal. Il est accompagné d'un caméraman et d'un homme que je suppose être le sculpteur. Ce dernier note les remarques que fait Rosinski sur la statue, sur les retouches à faire pour la rendre plus ressemblante à son modèle de papier. L'échange est intéressant. Je suis tiraillé entre l'envie de les écouter et l'envie de rejoindre la file d'attente qui grandit devant les chaises... vides des auteurs.

Finalement, je m'installe dans la file. On nous compte, il faut 200 personnes maximum. Je suis le numéro 51, comme le pastis. Un bon signe ? Les gens sont calmes, quasi-silencieux. Peut-être grâce à l'ambiance particulière du lieu, peut-être aussi parce que nous savons presque tous que rencontrer ces trois-là est une rareté. La séance démarre en douceur, ça va plutôt vite. Peu de gens s'adressent aux auteurs, qui ne sont pas très bavards. Une nouvelle attachée de presse les accompagne. Mon tour approche et il m'arrive un truc étonnant : je sens mon cerveau s'éteindre peu à peu ! Ben oui, je suis fan depuis plus de 20 ans, administrateur de ce site depuis 8 ans, j'ai peaufiné leurs bios respectives, avec l'impression curieuse de les connaître sans les connaître... Je leur tends carrément un album et deux ex-libris (tant qu'à faire, autant y aller à fond). Van Hamme et Rosinski me charrient gentiment, je ne réponds rien, un vrai gamin. Tétanisé. Merci messieurs, et c'est fini.

En m'éloignant de la table, je sens la chaudière cérébrale se rallumer. Je regarde l'attachée de presse, elle est mignonne, je me décide à aller prendre un second râteau. Bonne surprise, elle m'écoute et m'invite à lui communiquer l'adresse du site ! Ca n'engage à rien, mais c'est un début. J'en conclus que je suis plus à l'aise avec les jolies filles qu'avec les vieux messieurs. »

29 octobre 2007

« Le festival est terminé. Il doit leur rester pas mal de boulot pour le rangement.

L'expo Thorgal, par contre, est prolongée jusqu'au 11 novembre. Troisième visite en trois jours, donc, mais cette visite-là est consacrée au plaisir des sens. Il y avait 300 ou 400 personnes dimanche, à peine une trentaine ce lundi matin. Parfait.

Il est difficile de tout évoquer. Une arche de bois surmontée de têtes sculptées nous accueille dans l'expo. Dans l'allée centrale, le buste de Thorgal, d'autres sculptures, une cible avec des flèches. Au fond, une proue de navire, sculptée paraît-il à la tronçonneuse. Une fresque d'une dizaine de mètres couvre le fond de la salle. A gauche et à droite, les planches originales des albums de Thorgal se font face, encrage noir et blanc d'un côté, couleurs directes de l'autre. Deux visions artistiques d'un même univers. Parmi ces planches, la toute première du premier album, "La Magicienne trahie", ainsi qu'un grand nombre du tout dernier, "Moi, Jolan". Ces planches couleurs sont débarrassées de leurs bulles. Les case peintes sont collées côte à côte sur leur support. Sur les planches en noir et blanc, on distingue les crayonnés de recherche, mais aussi les petites traces de "blanco" réparant les petites erreurs, les griffures créant des effets de brouillard, les trames collées pour assombrir certaines zones...

Les commentaires sont plus qu'élogieux, les visiteurs sont ravis, même ceux qui découvrent Thorgal. Je croise à nouveau Grzegorz Rosinski, qui reste quelques minutes. Sur la droite de l'expo, quelques bancs font face à un téléviseur diffusant un court documentaire (présent dans le second BDVD, "Dans les griffes de Kriss"). On y voit Rosinski réaliser la magnifique peinture qui sert de couverture au BDVD. La toile est exposée juste à côté, immense et superbe. Ce pas à pas artistique, mis en musique, est passionnant.

Quoi d'autre ? D'autres peintures, pour la plupart des couvertures d'albums. Celle des "trois Vieillards du Pays d'Aran" mesure 30 cm, celle de "Moi, Jolan" environ 1 m ! On a aussi la fameuse statuette d'Attakus représentant la Kriss de Valnor de l'album éponyme (589 euros dans les boutiques...). Il y a d'autres sculptures en bois, des arcs et flèches, des objets anciens. Ici et là sont proposés des albums de Thorgal reliés par un filin anti-fauche à des vitrines contenant des portraits des héros, des recherches de personnages, des esquisses, des objets. Il y a même un petit carnet auquel peu de gens semblent prêter attention... On y trouve pourtant le story-board complet de "Moi, Jolan" !

Cerise sur le gâteau, tout au fond de l'expo, un magnifique pastel nous propose Thorgal et Aaricia tel qu'on les a rarement (jamais ?) vus, étourdis dans une étreinte amoureuse très sensuelle. Aaricia y est plus belle que jamais.

Dans l'entrée de la salle, mon Aaricia et mon Jolan m'attendent. Un dernier regard... Merci Saint-Malo, au revoir. »

(expo réalisée par Alain Goutal, Fred Lecaux, Darwin,Romain Guyard, Dieter, Diane Rayer et Piotr Rosinski,
pour Quai des Bulles, Le Lombard et la ville de Saint-Malo)