C'est l'histoire d'un pari fou... Au début des années 90, seuls deux albums de la série Thorgal avaient eu les honneurs d'une édition "de luxe" : "Au-delà des ombres" et "Alinoë". L'idée a alors germé, dans la tête de quelques fanatiques de la série, d'éditer non pas quelques épisodes de la série en version luxueuse, mais... toute la série !

Le projet Pegasus était né.

Ainsi, en 1993 et 1994, les 19 albums de Thorgal existant alors vont, l'un après l'autre, bénéficier d'un solide lifting. Grand format, papier de qualité, suppléments... Chaque album est édité à 300 exemplaires seulement pour le grand public, et 25 exemplaires hors commerce (en français, et en hollandais).

L'aventure s'arrêtera malheureusement là, et les albums suivants ne seront jamais édités en version Pegasus.

L'aspect visuel des albums de l'édition Pegasus est une vraie réussite.

Edités en grand format, ils sont d'abord séduisants pour leur couverture noire, molletonnée, avec un aspect imitant le cuir. Les noms des auteurs, de la série et de l'album sont inscrits en lettres argentées entre deux têtes de loup de la même couleur. Une reproduction de la couverture originale, au format carte postale, est collée dans un emplacement prévu à cet effet. Enfin, une scène extraite de l'album est "gravée" à chaud.

A l'ouverture, on constate que le papier est à fort grammage. Une reproduction, grand format cette fois, de la couverture originale est insérée en première page. Elle est signée par Grzegorz Rosinski. Chaque album est numéroté, généralement au bas de la reproduction de couverture. On retrouve ensuite les 46 planches, en grand format noir et blanc.

A la fin de chaque album, on trouve plusieurs pages de suppléments extraits des archives du dessinateur. Esquisses, recherches de couvertures, recherches de personnages, dessins inédits... On trouve aussi dans certains albums des travaux de jeunesse de Rosinski, très éloignés de l'univers de Thorgal mais permettant de découvrir d'autres facettes du talent de l'auteur.

La qualité de ces albums est évidente. On sent que Rosinski s'est particulièrement impliqué dans ce projet, comme il l'a fait pour d'autres projets concernant son héros (le jeu vidéo ou le CD, par exemple). De l'excellent travail, qui méritait un coup de chapeau.

Qui dit rareté dit malheureusement spéculation. Vendus l'équivalent d'une quarantaine d'euros à l'époque (c'est peu pour des albums de ce type, mais c'est beaucoup si l'on veut toute la série !), les albums en édition Pegasus ont rapidement disparu des rayonnages des librairies. Avec deux destinations principales : d'une part les collectionneurs bien sûr, les vrais fanatiques de la série, qui n'ont aucune envie de revendre leur belle acquisition ; d'autre part, les spéculateurs...

325 exemplaires seulement pour chaque album... C'est vraiment très peu. Pour les trouver aujourd'hui, il est inutile de chercher à les commander à votre libraire ! Avec un peu de chance, on peut en trouver un exemplaire ou deux dans certaines librairies proposant des albums d'occasion. Mais les deux solutions les plus efficaces sont les salons dédiés à la bande dessinée (Angoulême et consorts) et les sites d'enchères sur Internet.

Les prix sont fixés assez librement par les vendeurs. Certains s'appuient sur un système de cote plus ou moins "officiel". Vérifiez bien l'état de l'album (c'est un critère qui fait facilement baisser le prix) et comptez de 60 à 80 euros pour un Pegasus. Au-delà, passez votre chemin...