L'album
Kah-Aniel
Kah-Aniel
 
© Rosinski - Sente / Le Lombard 2013
Kah-Aniel
Kah-Aniel

34ème album

Novembre 2013

Au coeur des chaudes contrées orientales, Thorgal et Aniel parviennent au bout de leur voyage. A la recherche de son fils, le Viking devra affronter les mages rouges et la terrible malédiction de leur maître, Kahaniel de Valnor.

Le petit garçon muet monte quelques marches pour rejoindre les hommes. Il cligne des yeux, ébloui par la lumière, déjà intense en ce début de journée.

Aniel souffle quelques instants, pour laisser retomber la tension qu'il ressent quand il fait ses exercices. Toujours ces même sensations, étranges, l'impression de ne rien maîtriser et pourtant de tout comprendre. Il devine à peine ce que signifient les symboles qu'il a écrits sur les parchemins. Mais il sait que tout sera juste et sensé, comme toujours.

Bah, de toute façon, quel choix a-t-il ? Sa mère a disparu, son père n'a guère été qu'un fantôme dans sa vie. Les hommes de ce bateau lui parlent de mondes merveilleux, de trésors inimaginables, de pouvoirs sans limites.

C'est peut-être un peu effrayant. Mais... Au fond... Pas tant que ça.

Suite de l'album "Le bateau-sabre".

Thorgal semble arriver au bout de son voyage. Dans cet album, on découvre enfin où se rendent les mages rouges qui ont enlevé son fils, et pourquoi ils ont traversé une partie du monde avec le petit garçon. La malédiction de Kahaniel de Valnor arrive à son terme, le petit garçon muet semble plus que jamais en danger, risquant de disparaître pour permettre la réincarnation du maître de la confrérie des mages.

Une édition spéciale de l'album a paru en même temps que l'édition normale, avec une couverture différente, représentant la caravane des compagnons de Thorgal, en pleine traversée du désert.
Complété par 8 pages bonus, cet album a un titre doré, marqué à chaud.

L'album est numéroté 34 bis, le cahier graphique de 8 pages contient un beau dessin pleine page de Thorgal, 4 photos de la toile de l'édition normale en cours de réalisation (dont une avec Rosinski), la toile pleine page de l'édition normale (histoire d'avoir quand même la "vraie" couverture !), 8 pages du carnet de croquis préparatoires du dessinateur, deux pages du scénario recouvertes d'esquisses, et deux croquis préparatoires.

Les deux versions de "Kah-Aniel" ont paru le 8 novembre 2013. Une édition de luxe, en grand format avec de nombreux suppléments, est venue un peu plus tard, le 6 décembre (voir l'onglet "Luxe" ci-contre).


Regard vers l'Orient

Thorgal visite une partie de son monde qu'il ne connaissait pas encore, même si ses précédents voyage l'avaient emmené aux portes de l'Orient (dans le 27ème album, "Le barbare"). Il découvre un monde chaud et coloré, dont on aperçoit les couleurs et les saveurs au coin de diverses cases.

Thorgal navigue dans un monde qui est le sien, pas le nôtre, et pourtant ce monde a un goût familier, parce que les objets, les vêtements et les lieux semblent issus de notre culture commune. C'est l'une des forces de la série. Puisqu'elle pioche partout, en tout temps et en tout lieu, elle peut tout se permettre. Rien n'est anachronique ou incongru dans un monde qui vit hors de notre temps et de notre histoire.

Grzegorz Rosinski aime réunir beaucoup de documentation quand il commence un projet. Mais ce n'est que pour s'en inspirer - il aime réinventer le réel. Si des tissus, des matières, des motifs lui plaisent, il les mémorise et se les approprie à sa manière. C'est ainsi que la série Thorgal s'inspire du réel mais sans jamais le reproduire vraiment, toujours à cheval entre le réel et l'imaginaire.

Alors que l'épisode précédent préférait le blanc et le bleu, une ambiance froide propice au huis-clos, ce détour vers l'Orient donne une tout autre couleur à cet album. L'ambiance est chaude, lente et infusée, avec des scènes de foule très inhabituelles, et beaucoup de personnages secondaires. Habitué aux grands espaces et aux petites communautés humaines, Thorgal découvre ainsi un tout nouvel univers, notamment lors de son arrivée à Bag Dadh.


En ville

Notre héros viking a rarement eu l'occasion de croiser autant de monde en un seul album ! Son expérience des villes remonte à quelques scènes piochées dans la série, comme la ville humide et crasseuse de "Au-delà des ombres", la cité précolombienne de "La cité du dieu perdu" ou la cité byzantine dans "Le barbare".

Il découvre dans "Kah-Aniel" un univers citadin inédit, au coeur de ce qui semble être la plus grande ville de son temps. Un paradoxe pour une cité apparemment perdue dans le désert. Une ville qui semble profiter de son emplacement, au coeur d'une toile d'araignée commerciale qui lui permet de rayonner de l'Europe à l'Asie, de l'Afrique à la Baltique.

Les villes médiévales étaient nombreuses mais rarement très peuplées. Bagdad, évident modèle de Bag Dadh, était la capitale du califat abbasside, dont l'empire s'étendait de l'Afrique du nord aux frontières de l'Inde. L'axe commercial Méditerranée-Inde-Chine avait favorisé l'installation de grosses communautés urbaines.

La situation était bien différente en Occident, où des siècles d'instabilité politique n'avaient pas favorisé l'essor des villes. Les groupes humains étaient plus réduits, dans des cités souvent fortifiées. Une grande partie de l'activité économique se déroulait dans les campagnes, au sein des domaines seigneuriaux. Un retour à la terre qui s'accompagnait d'un morcellement du pouvoir.

On sent par contre que dans "Kah-Aniel", le pays parcouru par Thorgal et ses compagnons forme un tout, une communauté soudée. Les routes y sont clairement définies. On communique par la mer, les fleuves, les caravanes dans le désert, les pigeons voyageurs...

Pour représenter la ville de Bag Dadh, Grzegorz Rosinski s'est inspiré des descriptions de la Bagdad médiévale - une ville circulaire, au bord d'un grand fleuve, protégée par plusieurs lignes de remparts dont les portes sont bien pratiques pour taxer les marchandises entrant ou sortant. Les rues sont larges, ombragées, colorées, drapées de tissus. Avec ses rues vivantes et ses étals couverts de marchandises, Bag Dadh est un joli écrin. Un joyau oriental gangrené par les intrigues des puissants, comme toujours.


Dans l'atelier de Rosinski

Ces cases interactives vous proposent d'entrer un peu dans l'intimité du dessinateur, de suivre une partie du processus créatif qui prélude à la réalisation d'un album de Thorgal.

En déplaçant la souris sur cette case, vous verrez l'esquisse réalisée par l'auteur sur son carnet, travail préparatoire réalisé à la lecture du scénario de Yves Sente.

Cette fois-ci, il s'agit d'une planche entière (déplacez la souris de gauche à droite).

On voit que, globalement, Rosinski dévie peu de son idée première. Les postures des personnages et l'occupation de la case sont déjà définies. Le dessinateur est bien aidé en cela par le scénario de Yves Sente, qui détaille soigneusement les scènes ou décrit l'ambiance régnant dans les cases.

La case définitive s'inspire fortement de la première vision de l'auteur, avec des ajustements sur les cadrages ou la lisibilité. Par exemple, dans la septième case ci-dessus (en bas à gauche), le soldat placé au milieu de l'esquisse a été décalé à droite de l'image pour laisser la vedette aux personnages principaux, le sultan et la confidente. Juste avant, dans la sixième case, la "caméra" a pris de la hauteur pour laisser aux chevaux des chasseurs d'esclaves la place nécessaire à leur mouvement.

Plus rarement, le dessinateur modifie quelques aspects du scénario. On le voit ici dans la quatrième case. Le Grand Wasîr, caché derrière une colonne du palais dans l'esquisse, a disparu du dessin final. Peut-être pour renforcer l'impression de discrétion laissée par la fuite de Shazade.


Thorgal, en errance

Il est parti depuis si longtemps... Pour rappel, Thorgal a quitté sa famille et son village dans l'album "Le bouclier de Thor". C'était en 2008. Et depuis, Thorgal cherche, et se cherche.

On ne l'a jamais connu si hésitant. Il semble perdu dans le temps et dans l'espace, lui qui a pourtant été partout. Le voyage est long (4 albums) et l'entraîne loin, très loin de ce qui faisait sa vie. Aaricia semble devenue l'image floue d'une vie lointaine. La quête, la recherche d'un fils qu'il ne connaît pas, ressemble de plus en plus à la dissimulation d'une fuite.

Perdu dans ses errements géographiques et sentimentaux, Thorgal semble devenu spectateur de sa propre aventure. Il se laisse guider le long d'une piste ouverte par d'autres. Il abandonne le leadership physique et intellectuel à ses compagnons. La belle Salouma profite pleinement des errements du héros. Ressent-elle réellement quelque chose pour lui ? Ou compte-t-elle utiliser le père pour sa promotion personnelle auprès du fils ? Difficile de la juger, de savoir où mène le jeu.

Dans le même temps, Aaricia, Jolan et Louve sont également en errance, au coeur de leurs séries respectives (Jolan dans Kriss de Valnor, Aaricia et Louve dans Louve). Une ambiance tristounette, aux parfums de séparation, qui s'étend désormais sur trois séries de l'univers de Thorgal. Alors que la guerre et les conflits s'étendent, et que chacun bâtit sa vie au détriment des autres, Thorgal se laisse porter par la vague du doute. Il se contente de suivre le train, lent et mesuré, d'une expédition sensée le mener à l'hypothétique sauvetage d'un fils inconnu.

Thorgal est-il perdu ? Allons, de l'optimisme ! A lui de démontrer, encore une fois, qu'il est le héros.

Voici les premières planches de l'album "Kah-Aniel".

Bien loin des eaux gelées du nord, les mages rouges semblent toucher au but. La fin de leur voyage les conduit au coeur de terres arides et chargées d'histoire, vers un lieu mystérieux où le petit Aniel doit être mené à son destin.

Plus au nord, un second navire suit la même route que les mages rouges. La route du commerce pour son équipage. La route de l'espoir, pour Thorgal et ses nouveaux compagnons.

Une édition de luxe de l'album "Kah-Aniel" a paru en décembre 2013. Il s'agit d'une édition grand format, avec une couverture inédite orientalisée.

La couverture rouge a un marquage doré à chaud (dans lequel on reconnaît le bandeau viking des albums classiques) et un logo noir brillant, rehaussé.

L'album est accompagné d'un ex-libris reproduisant la couverture de l'édition normale, entourée elle aussi de motifs orientalisés, sur un papier à grains. L'ex-libris, de grand format (presque A4) est numéroté et signé par le dessinateur.

La page de titre affiche également la couverture de l'édition normale de l'album, avec quelques ajouts graphiques.

L'album de luxe est complété par 46 pages réunies dans un cahier graphique. Certaines pages de ce cahier sont présentes dans l'édition collector à 15 euros (avec la caravane en couverture, voir partie "A propos"). On retrouve notamment 8 pages du scénario, annotées graphiquement par Rosinski.

L'album est en grand format 27,2 x 24,8. Imprimé sur un beau papier, il propose des planches réellement agrandies, sans jouer sur la marge. L'impression est d'une belle qualité. On retrouve l'histoire complète de l'album normal, dans un format permettant d'apprécier davantage les détails et la mise en couleurs.

On y trouve également une douzaine d'esquisses, essentiellement des recherches de personnages, ainsi que différentes étapes de réalisation de la toile reproduite en couverture. Mais la majeure partie des bonus est extraite du "livre de bord" que conçoit Grzegorz Rosinski avant de commencer un album. Il esquisse un story-board assez détaillé, dont une trentaine de pages sont reproduites ici en grand format.

Vendu 135 euros, cet album a été édité en 500 exemplaires, et 50 hors commerce réservés aux auteurs et aux proches.

Voici un petit détour exclusif par l'atelier du dessinateur Grzegorz Rosinski.

Pour commencer, voici deux cases en trois versions : l'esquisse issue du carnet de l'auteur, les cases peintes, les cases de l'album avec les bulles (déplacez la souris de gauche à droite, voir l'onglet "A propos" pour d'autres extraits).

On retrouve ici le jeune Aniel et ses nouveaux mentors, se préparant à quitter leur bateau pour poursuivre leur voyage vers les origines de la magie rouge. On voit que le dessinateur a modifié l'angle de vue de la première case, et considérablement changé son approche pour la seconde. Alors qu'Aniel semblait actif et impliqué dans l'esquisse, il est finalement passif et lointain dans le dessin final, comme perdu dans la foule des conspirateurs, qui le cachent aux yeux du monde.

On voit aussi que l'ajout des bulles fait disparaître des zones peintes avec autant de soin que le reste de l'image.

Nous continuons notre visite de l'atelier avec la photographie d'une planche de l'album. Le dessinateur-peintre travaille généralement sur deux planches en même temps, les deux planches qui seront en vis-à-vis dans l'album. Afin de leur donner une atmosphère commune, une cohérence visuelle.

Après avoir délimité les cases, tracé les grandes lignes du dessin, mis en place les ambiances colorées, Rosinski découpe les cases et les peint simultanément sur son bureau. Il les colle ensuite sur une feuille cartonnée, que l'on voit ici.

Sans les bulles, l'observation de cette planche laisse une place agréable à l'interprétation.

Pas de bulles pour l'instant sur cette planche, des bulles adhésives provisoires seront placées pour "tester" leur position, puis la planche sera scannée pour être mise en forme et lettrée sur ordinateur. Pour plus d'infos sur le travail de l'auteur, vous pouvez visiter l'atelier de Rosinski dans la partie "Eclairages" du site ou directement en suivant ce lien.

Pour finir notre visite, voici quatre étapes de la réalisation de la magnifique couverture de "Kah-Aniel". En faisant glisser la souris sur la toile, vous pourrez apprécier les différentes étapes de sa création. Il y a également, en arrière-plan, la couverture alternative de l'édition spéciale.

(déplacez votre souris sur l'image)
Jeu de regards.